1. Pouvez-vous nous parler un peu de vous-même ?
Issu de la très grande Famille Royale de Dimbié Welembele, qui se trouve dans la région ghanéenne dite UPPER WEST REGION je suis marié et père de trois enfants.Je suis titulaire d’un Master, en « traduction et secrétariat bilingue », ce qui m’a permis d’exercer le métier d’enseignant pendant plusieurs années. Actuellement, je suis Chercheur et Conseiller pédagogique. Je suis fondateur de plusieurs Écoles bilingues Anglais/ Français, au Ghana, en Guinée – Conakry, au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Tchad et au Gabon. J’assume également la Charge de Consul Honoraire de la République du Gabon au Ghana. Rappelant au passage être élu Personnalité Panafricaine de l’Année en 2018. Depuis sa création en 1993 ; mon école a été récipiendaire de cinq (5) prix internationaux ; à savoir : Le premier, le Business Initiative Directions (BID) attribué aux États-Unis d’Amérique, où la cérémonie a eu lieu ; Le deuxième, le Prix Tam-Tam d’Afrique du Bénin ; Le troisième par le magazine African Développement Magazine of the Century d’Abuja au Nigéria ; Le quatrième, le Prix Panafricain Corporates de l’intégration par Panafrican Corporates Magazine, et le cinquième prix international, le Pan Africain de la Personalité de l’Année 2018 Award décerné à Casablanca-Morocco par Nouvelle Afrique
2. Qu’est-ce qui vous a motivé à étudier la langue française ?
C’est feu mon frère, le Dr Hilla Liman ancien Président Ghanéen, un intellectuel et chercheur, un pur ‘produit’ de l’Université de Paris 1, La Sorbonne, qui m’a en effet motivé à apprendre le français. Quand j’étais encore au collège en 1966, il y est venu en visite ; J’ai été admiratif des honneurs qu’on lui accordait en tant que titulaire d’un Doctorat, et je me suis demandé : « Est-ce parce qu’il a appris le français qu’il est devenu un savant tellement acclamé ? Si c’était le cas, alors moi aussi j’apprendrai la langue française ». Il se trouve que j’avais également le flair pour le français. J’aimais tellement le français que, lors de mes années estudiantines, j’aimais plus le français que je n’aimais ma copine (rires). J’ai étudié le français à l’université et je l’ai enseigné après ma sortie de l’université. J’ai publié plusieurs ouvrages qui sont en usage au Ghana, à Université St. Valérie de Montpellier (France), à l’Université nationale de Ndjamena (Tchad), et à l’Université Abdoul Moumouni (Niger). Ces ouvrages connaissent un franc succès dans le monde entier, et sont particulièrement appréciés des enseignants de Français.
3- En tant que fondateur, quelle est l’histoire derrière la création du CELPS ?
Je n’avais jamais envisagé pour une fois que j’allais fonder une école d’anglais ici au Ghana. La première école où j’avais enseigné (à temps partiel), c’était au Ghana Institute of Langages, et par la suite j’ai enseigné à Agence d’Or – Accra, ainsi qu’à Manifold Tutorial Collège.- Accra. Lorsque j’enseignais au Ghana Institute of Langages, j’y avais remarqué beaucoup d’écueils et de failles quant à leurs programmes. Ils avaient appris l’anglais de manière conventionnelle lorsque les étudiants venaient en vacances et y restaient pour environ un mois; mais la façon dont les francophones avaient besoin de l’Anglais ne ressemble plus à l’ancienne. Ils en ont besoin chaque jour. C’est alors que j’ai décidé de profiter de l’opportunité pour créer une école, en me démarquant avec une méthode différente. Je me souviens meme qu’une fois, les responsables du Ghana Immigration Service m’ont interpelé pour savoir pourquoi à chaque fois que les gens venaient des pays francophones, ils disaient toujours qu’ils venaient pour apprendre l’anglais dans mon école. Le secret, reside dans ma méthode pédagogique. A vrai dire, les débuts ont été très difficiles. Le problème majeur c’était l’argent. Vous savez, quand on vient à Accra, ce n’est pas facile d’y relever les défis. En 1990, l’un de mes amis m’a offert une petite chambre dans une crèche, où nous pouvions a peine accueillir neuf élèves. Il s’avère que, par manque d’argent, j’ai contacté un autre ami qui enseignait dans une école secondaire. Il possedait des chaises délabrées, des bancs branlants ainsi qu’une vieille machine à écrire; voila tout ce que j’ai pris de lui. Lui et moi sommes entrés en partenariat. Lui, il enseignait dans son école et moi je me bornais à me consacrer à mon Projet. J’allais m’asseoir là-bas des journées entières, sans rien toucher. J’y ai fait venir un certain M. Ben Gegnon et nous allions nous asseoir pendant là toute la journée. Le miracle a commencé en 1993. En ce moment j’arrivais à inscrire 12 personnes dans la chambre d’enfant. On avait la classe maternelle d’un côté et ma classe de l’autre. Et l’on y voyait des voitures immatriculées CD garées – de la Guinée-Conakry, de la FAO et d’autres organismes. Mon ami me soupconnait d’utiliser de la magie. Comme la salle devenait pleine, je devais aller louer un centre vidéo ; et par la suite l’école St Michael, laquelle n’avait que des salles ouvertes infestées des reptiles. Je n’avais qu’une table qui me servait de bureau. Deux filles guinéennes sont venues et ont payé leurs frais de scolarité; mais le jour d’après, face au cadre de travail, après avoir vu la nature délabrée de la pièce, elles n’y sont plus jamais revenues.
J’ai été victime de beaucoup de trahisons de la part de personnes que j’avais une fois aidées. Certains sont allés établir leurs écoles rivales et ont continué à me calomnier dans de nombreux milieux. A Kotobabi Down, j’ai commencé avec une structure en bois pour contenir mes élèves. (C’est là que j’ai eu le prix de Business Initiative Directions de Manhattan, USA). De nombreuses personnes formidables sont passées par cette école. Je dois tout cela à mes étudiants.
4- Comment avez-vous assumé le poste de consul du Gabon au Ghana et qu’est-ce qui vous place devant les autres candidats potentiels pour le poste?
J’ai été recommandé par l’un de mes étudiants. J’ai été très gentil avec eux, et, d’ailleurs je le suis toujours. Alors quand le besoin s’est fait sentir, il a dit à l’ambassadeur qu’il avait un Papa qui pouvait bien gérer le poste, et il m’a donc encouragé à postuler et moi, je l’ai fait. J’ai appris que, lors de la réunion du cabinet lorsque mon nom avait été mentionné, l’une des personnes a dit qu’il était mon élève et que j’étais capable de faire le travail.
5- Le monde est aux prises avec le COVID 19 et le CELPS n’a pas été épargné par les effets de la pandémie. Quelles leçons avez-vous apprises en tant qu’éducateur pour l’avenir?
Il a touché tous les secteurs. J’enseigne aux étrangers. Pardon, ce ne sont pas des étrangers. Je suis Pan-africaniste, donc je ne les vois pas comme des étrangers. En ce moment tout est aux arrêts à cause du Covid. Nous devons apprendre à diversifier les affaires. Le Covid nous a appris à résoudre les problèmes d’une autre manière.
6- Quels sont les projets futurs du CELPS?
Le CELPS aurait dû être une université maintenant. Mais lorsqu’on reussit dans la société, les ennemis surgissent de votre propre famille. J’ai fait face à de nombreux défis, mais le bon Dieu m’a toujours élevé et protégé. Mon état a entravé la croissance de CELPS, sinon, l’ecole aurait été une université maintenant; vous auriez vu des bâtiments plus élevés ici. Il vaut mieux tard que jamais.
7- Quels conseils donneriez-vous aux Ghanéens sur l’étude des langues, ainsi que de la communauté francophone au Ghana?
Je veux rencontrer le président (Nana Akufo Addo) et discuter avec lui de la nécessité pour les Ghanéens d’apprendre davantage le français. Après Kwame Nkrumah, je n’ai pas encore vu d’autre Président visionnaire. Nkrumah avait eu une vision. Il avait créé le Ghana Institute of Langages et avait privilegié la diffusion du programme «Parlons Français à la radio nationale»
Quel visionaire qu’il etait, Kwame Nkrumah. Depuis son indépendance, le Ghana n’a eu que deux Présidents qui parlaient français: Feu le Docteur Hilla Liman et Nana Akufo Addo. Le Ghana est entouré de pays francophones. J’ai des étudiants en provenance même des Antilles. Un moment viendra où aucun Ghanéen ne trouvera d’embauche international à cause de la méconnaissance du français. Un exemple brillant c’est celui de feu Kofi Annan, qui grâce à sa connaissance du francais est monté au sommet de l’ONU. Il parlait tellement bien le français qu’il s’exprimait même en anglais avec un accent français. Le président Kufuor avait commencé à intégrer l’apprentissage du français dans notre programme mais l’avait fait à l’envers. Vous partez du début au lieu du haut. Nous devons apprendre le français depuis notre enfance. Des ministres, professeurs et autres de pays francophones viennent ici pour apprendre l’anglais. Les Ghanéens dorment et en paieront cher. Ils verront glisser entre leurs doigts tous les contrats juteux.
8- Quelle est votre philosophie de vie?
Mon encouragement dans la vie c’est mon Allah (Dieu). Quand je veux faire quelque chose, je jeûne, je prie et j’y réussis. Travaillez dur et laissez les résultats à Allah (Dieu). Je veux parler de motivation pour aider les jeunes à s’élever au-dessus des plus âgés. Notre temps est révolu, nous devons donc encourager les plus jeunes.